Komplot

10.02.2011 Gang Forest
  • Michelle Naismith, image extraite de la vidéo Ancestral Unemployment, 2010
  • David Evrad, "Gang Forest" , 2010. Vue de l'exposition à l’Espace d’art contemporain à Porrentruy, Suisse

À paraître dans "l'art même", mars-avr. 2011

Gang Forest
Michelle Naismith & David Evrard
Du 4 décembre 2010 au 23 janvier 2011
Espace d’Art Contemporain (les halles)
9 rue Pierre Péquignat
2900 Porrentruy, Suisse
www.eac-leshalles.ch

Komplot
295 Av. Van Volxem
1190 Bruxelles
www.kmplt.be

Dans le cadre de l'accord de coopération conclu entre le Canton du Jura suisse et la Communauté française Wallonie‐Bruxelles, un programme d'échanges culturels entre les deux régions a été lancé fin 2010. Ce programme bilatéral propose, sur plusieurs années, un panel diversifié d'événements « aller‐retour » dans la région jurassienne, à Bruxelles et en Wallonie. Les différentes actions prévues ont pour objectif d'amener les acteurs culturels jurassiens et belges, ainsi que les artistes, à collaborer sur des projets novateurs communs permettant de tisser des liens durables et structurants entre les deux territoires et d'envisager des partenariats sur le long terme.

Ce programme a débuté, sous le commissariat des curateurs bruxellois de Komplot, par une première exposition intitulée « Gang Forest » des artistes Michelle Naismith et David Evrard à l'Espace d'art contemporain (les halles) à Porrentruy en Suisse (1). L'exposition aura été précédée d'une résidence de David Evrard à l'Atelier de gravure de Moutier. L’exposition « retour » présentera le travail des artistes jurassiens Maria Iorio, Raphaël Cuomo et Boris Rebetez, en septembre 2011, au centre d'art Komplot à Bruxelles.

« Gang Forest », sous l’impulsion de David Evrard, établit une cartographie potentielle des espaces périphériques de création et de diffusion et invite à créer ou confronter des récits de lieux interstitiels propices aux mythologies culturelles. Privilégiant les économies nouvelles, l’artisanat, le hobby, l’agriculture, et partant de microcosmes locaux, le projet, après repérage en différentes régions d’Europe, offrira aux participants d’agir en collaboration avec des organisations locales, dans des endroits dédiés à l’art ou non.
Une avancée dans des paysages péri-urbains habités d’une poétique de l’improbable façonne les séquences esthétiques d’un récit plus vaste qui s’écrit au fil des expériences du déplacement et infèrent des conférences en forêt, expositions sur aires d’autoroutes, installations en zones transfrontalières, performances sur potagers, workshops en centre commercial… Ces interventions forment un territoire fictionnel tout en se confrontant aux histoires collectives et individuelles, à l’architecture et aux diverses formes de représentation des régions traversées.

Une première résidence au Triangle de Marseille a conduit David Evrard au Sahara algérien, en marge du territoire investigué. Mirage d’une réalité à venir, il s’y approprie un socle rocheux pour y construire une sculpture éphémère augmentée d’un corps nu, debout… statuaire dont il reprendra le motif lors de cette autre résidence, jurassienne cette fois, à l’Atelier de gravure de Moutier. À la pointe sèche et en 24 images – celles dont on fait une seconde de cinéma – il transpose sa sculpture en un récit transcendantal qui formera la préfiguration de l’exposition au centre d’art « les halles » de Porrentruy où, sous commissariat de Sonia Dermiance (Komplot), le rejoindra Michelle Naismith, artiste écossaise vivant à Bruxelles.

C’est d’un tout autre récit, aussi banal qu’hallucinant, qu’est née la vidéo « Ancestral Unemployment » présentée par Michelle Naismith. Au détour de sa lecture d’un quotidien néerlandais, son attention se fige sur un article mentionnant l’obligation faite aux chômeurs de longue durée de suivre une thérapie régressive qui consiste, sous hypnose, à déterminer si leurs vies passées sont à l’origine de leur difficulté à trouver un emploi dans leur vie présente. Le décor du film est un rond-point – attenant à un parking de dissuasion à l’entrée de la ville –orné de menhirs couchés et debouts et dont l’évocation d’un amphithéâtre antique traversé de voitures convenait parfaitement au rituel mystique et bureaucratique mis en scène par Michelle Naismith. Le film, muet, est surimposé de textes suggérant les propos tenus lors la thérapie.

David Evrard, poursuivant ses déplacement en lisière du centre d’art, aura récolté nombre de matériaux abandonnés ou déclassés, de quoi monter un sculpture in situ dans l’espace d’exposition des halles. Sorte de bûcher aux vanités dont l’assise formée de branches d’arbres permet un déploiement centrifuge d’extensions matérielles en tout genre.
L’ensemble très cohérent de l’exposition repose sur les archaïsmes des sites, des mémoires et des récits, des matières comme des objets. « Gang Forest » interroge l’art d’avant l’art ou l’art sans art c’est-à-dire quand il est partout, fait par tous, pour tous.
C’est sous le même titre que l’espace Komplot recevra en septembre à Bruxelles le duo Maria Iorio et Raphaël Cuomo qui questionnent les redistributions temporelles et spatiales du monde contemporain, leurs derniers projets élaborés sur les deux rives de la Méditerranée s’intéressent à la fonction des économies des visibilités en relation avec différents régimes de mobilité. Ils seront accompagnés de Boris Rebetez dont les juxtapositions d’images et d’espaces se jouent de la perception, mêlant étrangeté et familiarité.

1 Du 4 décembre 2010 au 23 janvier 2011

Posté par Renaud - Tags : Article